Pour la première fois de l'Histoire des sports équestres, un cavalier du Qatar remporte un Grand Prix cinq étoiles. Bassem Hassan Mohammed, 111ème mondial, et sa jument au nom prédestiné Victoria viennent de créer la surprise en s'imposant dans le Grand Prix Longines Global Champions Tour de Monaco devant les meilleurs cavaliers de la discipline. Un exploit pour ce cavalier moins expérimenté et une fierté pour la Fédération équestre du Qatar qui se développe de plus en plus ces dernières années.
Dans ce Grand Prix à quarante-six partants, les cavaliers étaient nombreux à fauter sur le parcours difficile créé par Luc Musette. La petite piste du Port Hercule, obligeant les cavaliers à être attentifs dans les distances entre les oxers larges et les virages serrés, aura posé quelques soucis aux meilleurs pilotes. Parti en troisième, Bassem Hassan Mohammed signait le premier sans-faute de l'épreuve, rejoint huit cavaliers plus tard, par la Britannique Yasmin Pinchen. Au terme de la première manche qui qualifie les dix-huits meilleurs cavaliers, dix ont réalisé un parcours sans-faute alors que les favoris, Scott Brash (victorieux du Grand Prix de Cannes il y a quinze jours) et Ben Maher, numéros un et deux mondiaux, ont été privés de la deuxième manche.
Parmi les dix-huits qualifiés, on retrouvait le Français Kevin Staut (N°9 mondial), qui réalisait le parcours à 4 points le plus rapide avec Oh d'Eole, rattrapé par un tour parfait en seconde manche qui lui vaudra une belle sixième place. La deuxième manche du Grand Prix aura eu son lot de surprises et de déceptions. Alors que le Belge Pieter Devos et l'Espagnol Sergio Alvarez Moya feront tomber la dernière barre du parcours, le prometteur Constant Van Paesschen, vainqueur d'une épreuve de vitesse aujourd'hui, fautera et terminera au pied du podium. L'Irlandais Cameron Hanley avec un parcours sans-faute sur Living the Dream, sera le seul à écoper d'une pénalité de temps qui le privera du barrage et l'installera sur la troisième marche. Le Suédois, Champion d'Europe en 2011, Rolf-Göran Bengtsson, premier double sans-faute sera suivi par Bassem Hassan Mohammed, ce qui permettra d'offrir un barrage au public monégasque.
Rolf-Göran Bengtsson, premier à s'élancer, avec Casall ASK, dans ce barrage à deux, jouera la sécurité en assurant un troisième sans-faute mais dans un temps qui laissait sa chance à son concurrent. "Je n'ai apparemment pas opté pour la bonne stratégie ! Je devais partir le premier et j'ai été trop prudent, je n'ai pas pris tous les risques" nous confiait le Suédois. En effet, le cavalier de 27 ans a su saisir l'opportunité d'écrire l'Histoire. Avec un parcours parfait et plus rapide, il devient le premier cavalier qatari à gagner un Grand Prix cinq étoiles de saut d'obstacles. "Je suis très content de gagner mon premier Grand Prix. Je tiens à féliciter le Qatar pour cette victoire, ainsi que la Fédération équestre Qatari, ma famille et notre grand-frère Jan Tops !". Bassem Hassan, qui réalise sa plus belle performance depuis la quatrième place dans les Grands Prix Longines Global Champions Tour d'Anvers et de Cannes la saison dernière, a prouvé que le Qatar a sa place dans les sports équestres et que ses cavaliers peuvent s'illustrer au plus haut niveau.
Une fierté pour son entraîneur Jan Tops, Président du Longines Global Champions Tour, qui apporte un grand soutien au Qatar afin d'en faire une nation importante du saut d'obstacles : "Je suis heureux pour Bassem. Je sais à quel point il voulait gagner et à quel point il travaille tous les jours. Je pense que c’est vraiment un très beau succès et une opportunité pour le Qatar de montrer que le travail et la détermination paient. Je suis vraiment très fier parce que depuis quelques semaines il a un emploi du temps très consistant et son avancée dans le classement du LGCT n’est pas un hasard. C’est aussi formidable de prouver au monde entier que les cavaliers avec moins d’expérience peuvent aussi réussir". De la fierté et beaucoup d'émotions au sein de la grande délégation quatari présente lors de la remise des prix durant laquelle S.A.S le Prince Albert II de Monaco et Charlotte Casiraghi ont tenu à féliciter le héros de cette édition 2014 du Jumping International de Monte-Carlo.
Au terme de cette sixième étape du circuit Longines Global Champions Tour, la cavalière australienne Edwina Tops-Alexander conserve la tête du classement provisoire. La septième étape, le Paris Eiffel Jumping présenté par Gucci, sera organisée sur le Champ de Mars, au pied de la tour Eiffel, du 4 au 6 juillet.
Communiqué RB Presse
Photo : Bassem Hassan Mohammed et Victoria - Crédit photo : RB Presse
Résultats complets de l’épreuve
Classement général provisoire du circuit Global Champions Tour
Deux mois avant la Grande Semaine de l’Elevage de Fontainebleau, décalée d’une semaine cette année pour ne pas se trouver en concurrence avec les Jeux Equestres Mondiaux, les premières finales régionales se sont déroulées cette semaine à Auvers, qui accueillait le CIR des 4 ans.
La victoire revient à l’étalon Adzaro de l’Abbaye (Quaprice Bois Margot x Diamant de Semilly), qui évoluait sous la selle d’Olivier Martin et obtient une note de 17,25 pour son évaluation au modèle et aux allures. Approuvé l’an dernier à Saint-Lô, Adzaro est un neveu de l’étalon Lagon de l’Abbaye ISO 167, très bon gagnant en CSI avec Eric Levallois. Il descend également de la même lignée maternelle que l’étalon Grenat de Grez ISO 165 et le performer international Nuggets l’Amandour ISO 158.
Il devance Aurore du Rouet (Ogano Sitte x Baloubet du Rouet), adjugée l’an passé aux ventes Fences pour 38 000 euros. Sa grand-mère, qui a produit les étalons Helico du Rouet ISO 157, Krack du Rouet ISO 160 et Pezetas du Rouet, est une sœur utérine des grands gagnants internationaux Quatoubet du Rouet ISO 176 et Caloubet du Rouet ISO 178. Montée par Rémi Morteau, Aurore obtient une note finale de 16,50.
La 3ème place revient à un autre représentant de l’élevage de l’Abbaye, Artiste de l’Abbaye (Quaprice Bois Margot x Jus de Pomme), lui aussi sous la selle d’Olivier Martin. 4ème du championnat de France des mâles de trois ans l’an dernier, Artiste est un frère utérin d’Abbervail Van Het Dingeshof, grand gagnant en CSIO avec Denis Lynch, mais aussi d’Una Van Berkenbroeck, CSI5* en compagnie de Tim Stockdale. Il décroche une moyenne de 16.
D’un point de vue plus général, les étalons qui se sont fait remarquer sont bien évidemment Diamant de Semilly, l’étalon dont le plus grand nombre de produits étaient au départ, souvent issus de juments sélectionnées, mais aussi Quaprice Bois Margot, Lamm de Fetan, Allegreto qui présentaient de jeunes chevaux prometteurs.
Le prochain CIR se dispute la semaine prochaine au Lion d’Angers où des titres seront décernés aux meilleurs 4, 5 et 6 ans présents.
Photo : Adzaro de l’Abbaye et Olivier Martin, vainqueurs du CIR des 4 ans à Auvers – Patrick Gourdin
Vidéos :
Vainqueur : Adzaro de l’Abbaye/Olivier Martin
3ème : Artiste de l’Abbaye/Olivier Martin
Alors que les épreuves préparatoires pour les Jeux Equestres Mondiaux se sont achevées par la victoire de Patrice Delaveau et Ornella Mail dans le Grand Prix CSI2*, plusieurs beaux concours ont lieu ce week-end.
Monte Carlo accueille une nouvelle étape du circuit du Global Champions Tour. Les meilleurs mondiaux sont une nouvelle fois de la partie, à commencer par les deux premiers du classement mondial, Scott Brash et Ben Maher, mais aussi Kent Farrington, Daniel Deusser, Maikel Van der Vleuten, Luciana Diniz, Christian Ahlmann, Gregory Wathelet, Rolf-Göran Bengtsson… Roger-Yves Bost, Simon Delestre et Kevin Staut sont les trois cavaliers français au départ.
Egalement au programme le CSI4* d’Hickstead avec en point d’orgue le mythique derby. William Funnell, Billy Twomey, Shane Breen, Guy Williams, William Whitaker ou encore Geir Gulliksen tenteront de s’imposer outre-Manche. Julien Gonin est le seul Français à avoir fait le déplacement.
Un nouveau CSI4* a lieu à Calgary. Ian Millar, Tiffany Foster, Richard Spooner, Shane Sweetnam, Darragh Kenny ou encore Nayel Nassar sont engages.
A suivre également les CSI3* de Bonheiden, Canteleu et Geesteren, le CSI2* de Grenoble-Jarrie et l’étape du Grand National de Fontainebleau.
D’autre part, une vente aux enchères de foals et d’embryons haut de gamme est organisée à Bonheiden en parallèle au CSI. L’une des attractions de cette vente sera sans doute l’embryon de Cornet Obolensky et de la propre sœur de Big Star, mais d’autres pedigrees à la mode seront également vendus. Un direct de la vente sera proposé samedi à 20 heures.
Une vente aux enchères, de poulinières cette fois, est prévue le même jour à Glabbeek. Parmi les juments proposées, on trouvera une propre sœur d’Emerald pleine de Cornet Obolensky, une propre sœur de Quilano de Kalvarie pleine d’Action Breaker…
CSI5* GCT de Monte Carlo (Mon) : Résultats en ligne – Live Streaming
CSI4* de Calgary (Can) : Résultats en ligne – Live Streaming
CSI4* d’Hickstead (Gbr) : Résultats en ligne
CSI3* de Bonheiden (Bel) : Résultats en ligne
CSI3* de Canteleu : Résultats en ligne
CSI3* de Geesteren (Ned) : Résultats en ligne - Live Streaming
CSI2* de Grenoble-Jarrie : Résultats en ligne
Grand National de Fontainebleau : Résultats en ligne
Flanders foal Auction de Bonheiden (Bel) : Catalogue - Live Streaming
Flanders Mare Auction de Glabbeek (Bel) : Catalogue
W. : Comment choisissez-vous les étalons que vous utilisez avec vos juments ?
D.B. : Tout d’abord, aujourd’hui, je mets au maximum une ou deux juments aux étalons de la maison car je veux conserver une certaine diversité. J’ai de plus en plus de mal à utiliser Panama et Old Chap à cause de la consanguinité. A mon sens, il ne faut pas tomber dans le piège d’utiliser uniquement ses propres étalons.
Je ne fais pas un croisement en fonction d’un courant de sang particulier, mais plutôt de ce que j’ai pu voir en concours. J’utilise par exemple cette année Urano de Cartigny que j’avais déjà vu l’an dernier et qui est un cheval énergique, moderne, qui se donne. Nous essayons de bien suivre les étalons que nous utilisons. En effet, les défauts des étalons performers à haut niveau ont parfois été gommés par le travail, mais en élevage, les défauts se transmettent plus souvent que les qualités. Lorsque l’on n’a pas vu un cheval dans ses jeunes années, on peut avoir des surprises.
Je choisis un étalon qui entre dans le créneau du haut niveau, ce que cherchent les gens. Je ne regarde pas que le coup de saut, mais aussi la souplesse, l’équilibre et le galop. Je cherche des chevaux modernes que j’ai pu voir évoluer en compétition. J’ai l’avantage d’une part d’avoir monté en concours jusqu’au niveau Grand Prix et d’autre part, en m’étant déplacé dans les concours cinq étoiles avec Old Chap, ce qui m’a permis de savoir quel type de chevaux il fallait rechercher pour le sport moderne.
J’ai été l’un des premiers éleveurs français à aller aux étalons étrangers, que j’ai utilisé en les ayant vus sur performances, mais j’ai parfois eu des surprises. Le même croisement trois ans de suite m’a parfois donné trois résultats complètement différents.
Le plus important pour moi est d’avoir de bonnes juments dans le sang. A mon sens les mères sont plus importantes que le père. Je pars de la jument pour choisir l’étalon. En pratique je mets sur un cahier une liste de juments et en face de chaque jument deux à cinq étalons qui pourraient correspondre, puis je fais mon choix dans cette liste.
Beaucoup d’éleveurs actuels fonctionnent au catalogue, à la rumeur, et ils ont un côté sentimental avec les juments que j’essaye de ne pas avoir. D’autre part, je ne fais pas les croisements pour vendre foal comme c’est le cas dans certains élevages.
Enfin, selon moi, peu importe qu’un étalon ait du sang français ou étranger, il faut un cheval moderne. Les acheteurs, mis à part quelques étalonniers étrangers qui souhaitent du 100% Français, cherchent avant tout un bon cheval de sport, ils ne regardent pas ça.
W. : Vous accordez beaucoup d’importance à la génétique femelle, pouvez-vous nous en parler ?
D.B : Comme je le disais précédemment, le rôle des mères est pour nous plus important que celui des pères. Nous pensons avancer dans la génétique femelle avec des juments dans le sang, modernes et qui ont du jarret. Je fais confiance à ma jeune génétique en gardant les meilleures pouliches de chaque génération que j’essaye de croiser au mieux. Je n’achète pas de pouliches car je préfère travailler avec des souches que je connais.
Lorsque j’ai débuté cette politique, l’année des « O », j’avais testé des 2 et 3 ans en liberté que j’ai fait saillir à trois ans. Au plus, je faisais faire une année de compétition à ces pouliches.
Aujourd’hui, mes meilleures pouliches font du sport et je fais un peu de transfert d’embryon avec mes propres porteuses. Je ne fais du transfert qu’avec les juments qui seront de bonnes juments de concours, qu’elles sautent 1,40m ou 1,60m.
W. : Quels sont les espoirs de l’élevage ?
D.B : Tibet Tame, Up And Down Tame et Volga Tame sont nos espoirs actuels. Tibet a une tonicité rare, très armé avec une bonne poussée de jarrets, mais il faut encore canaliser sa sensibilité.
Up And Down, qui est une fille de Parenthese et Made In Semilly, montre un gros potentiel, ainsi que Volga (L’Arc de Triomphe x Richebourg), qui descend de la même souche qu’Old Chap.
Les très jeunes deux et trois ans semblent prometteurs mais la route est longue et nous devons rester modestes, l’avenir nous dira si nous avons eu raison.
Photo : Tibet Tame et Denis Brohier - Collection privée
Les poulinières de Denis Brohier
Kassave (French Cancan et Odyssee III par Hadj A aa), mère de Panama et Quebec Tame, suitée d’un mâle de Qlassic Bois Margot et, par transfert d’embryon, d’une femelle de Qlassic Bois Margot, saillie par Contendro I.
Linsolite (Quidam de Revel et Calypso du Mont par Laudanum ps), suitée d’une femelle de Tibet Tame, saillie par Tibet Tame.
Ottawa Tame (Richebourg et Dictee par Galoubet A), fille de Dictee, bonne gagnante en CSI avec Florian Angot. Suitée d’une femelle de L’Arc de Triomphe, saillie par For Pleasure.
Quastille Tame (Quidam de Revel et Enviee par Thoas du Theillet), sœur utérine de Parenthese Tame, très bonne gagnante internationale avec Reynald Angot et de Nausica Tame, très bonne gagnante en CSI sous couleurs allemandes. Suitée d’un mâle de Quartz du Chanu, saillie par Zirocco Blue VDL.
Quilotta Tame (Quick Star et Niki Tame par Quidam de Revel), lignée maternelle d’Australe, très bon gagnant en CSI avec Blandine Roux. Suitée d’un mâle d’Old Chap Tame, saillie par Tornesch.
Shannon Tame (Balou du Rouet et Kassave par French Cancan), suitée d’une femelle de Quartz du Chanu, saillie par Old Chap Tame.
Tame Tame (Quaprice Bois Margot et Calypso du Mont par Laudanum ps), lignée maternelle de Panama et Quebec Tame. Suitée d’un mâle de Qlassic Bois Margot, saillie par Quorioso Pre Noir.
Taquine Tame (Helios de la Cour II et Fine Bouche par Lieu de Rampan), tante d’Old Chap Tame. Suitée d’un mâle d’Urlevent du Bary, saillie par Armitages Boy.
Thess Tame (Quaprice Bois Margot et Nausica Tame par Flipper d’Elle), fille de Nausica Tame, très bonne gagnante en CSI sous couleurs allemandes. Suitée d’un mâle de Chacco Rouge, saillie par Armitages Boy.
Touch of Tame (Portofino 46 et Dictee par Galoubet A), fille de Dictee, bonne gagnante en CSI avec Florian Angot. Suitée d’une femelle de President, saillie par Chacco Rouge.
Ultra Tame (Richebourg et Dictee par Galoubet A), fille de Dictee, bonne gagnante en CSI avec Florian Angot. Saillie par Kannan.
Urbane Tame (Verdi et Kocahine par Narcos II), lignée maternelle de Panama et Quebec Tame. Saillie par Contendro I.
Valbone Tame (L’Arc de Triomphe et Iberia de Tam par Cabdula du Tillard), nièce de l’étalon Tibet Tame. Saillie par Panama Tame.
Bergame Tame (Carusso LS et Kassave par French Cancan), sœur utérine de Panama et Quebec Tame. Saillie par Old Chap Tame.
En transfert d’embryon :
Unesca Tame (Panama Tame et Iberia de Tam par Cabdula du Tillard), en compétition avec Stéphane Dufour. Suitée de Messire Ardent par transfert d’embryon, saillie par Padock du Plessis
Volga Tame (L’Arc de Triomphe et Ottawa Tame par Richebourg), cycle classique 5 ans avec Stéphane Dufour. Saillie par Urano de Cartigny.
Aquila Tame (Allegreto et Quebella Tame par Carthago), cycle classique 4 ans. Saillie par Padock du Plessis.
Boetie Tame (Panama Tame et Dictee par Galoubet A), saillie par Quadrio Tame.
Bora Tame (Panama Tame et Ottawa Tame par Richebourg), saillie par Quadrio Tame.
Borghese Tame (Panama Tame et Fine Bouche par Lieu de Rampan), saillie par Quadrio Tame.
Photos : en haut, Denis Brohier et ses poulinières. En bas, Quastille Tame, ici suitée d'un poulain de Conrad, fait partie de l'effectif des poulinières de Denis Brohier - Collection privée
Naisseur d’Old Chap Tame, dont il était propriétaire jusqu’en fin d’année dernière et qui vient de se classer 2ème du Grand Prix CSI5* de Shanghai avec Edwina Tops-Alexander, Denis Brohier fait partie des éleveurs qui se déplacent beaucoup sur les terrains de concours pour décider des orientations de leurs croisements futurs. Rencontre avec un éleveur moderne.
Webstallions : Pouvons-nous débuter par un bilan de votre saison 2013 sur les plans du sport, de l’élevage et du commerce ?
Denis Brohier : Notre bilan 2013 est en demi-teinte. Nous avons eu la malchance qu’Old Chap se blesse à Bordeaux, ce qui ne lui a pas permis d’entrer dans les qualifications. Il a souvent été présent en 5ème dans les CSIO et n’a pu s’exprimer comme il aurait pu le faire s’il avait couru davantage de Coupes des Nations. Nous avions également manqué de chance en 2012 où il avait été victime de l’épidémie de grippe à La Baule et n’avait pu faire les CSIO et CSI5* qu’une fois que la saison était bien lancée.
Du côté des jeunes chevaux, nous avons eu de bons classements avec notamment la 8ème place d’Up and Down Tame dans le championnat des 5 ans.
Nous avons connu une année fructueuse au niveau de l’élevage avec 11 trois ans vendus. L’image de l’élevage est bonne et l’affixe «Tame » est vecteur de commerce. Nous avons toujours eu de bons retours sur les chevaux vendus et les acheteurs n’ont pas eu de mauvaises surprises.
Enfin, nous avons vendu Old Chap Tame, ce qui était notre objectif depuis l’arrivée du cheval chez Eugénie. Nous nous sommes fait plaisir pendant deux ans et aujourd’hui il nous fait toujours plaisir.
W. : Revenons sur la vente d’Old Chap, vous avez dit qu’il avait eu du mal à se faire une place en équipe de France, pourquoi selon vous ?
D.B. : Je pense qu’à l’heure actuelle, même en ayant un super cheval, il devient de plus en plus difficile d’intégrer les équipes car elles sont plus ou moins bouclées avec trois ou quatre cavaliers incontournables ayant plusieurs chevaux chacun. En France, quelques cavaliers parviennent tout de même à intégrer l’équipe comme Aymeric de Ponnat et Timothée Anciaume et j’espère que ce sera également le cas de Reynald.
Je ne suis pas fermé à l’idée de mettre un jour un très bon cheval à l’exploitation à l’étranger si cela lui permet d’être dans l’équipe car pour nous le but est d’aller à haut niveau et de vendre.
Dans le système actuel, il faudrait qu’un cheval ait trois cavaliers : pour débuter un cavalier de jeunes chevaux, ensuite un cavalier de CSI3* et enfin un cavalier de CSI5*. Dans notre organisation, le but est que chacun de ces cavaliers puissent toucher quelque chose : par exemple, quand un cheval part de chez Stéphane (Dufour, qui monte les jeunes chevaux des Brohier), nous valorisons le cheval à une valeur de sortie, et lorsqu’il est vendu Stéphane touche 10 %. Ce système permet de motiver tout le monde, mais globalement je pense qu’il est encore difficile de faire comprendre à un cavalier de CSI3* qu’il ne pourra pas intégrer les CSI5* et qu’il faudra que le cheval change de cavalier pour atteindre le haut niveau.
W. : Pouvez-vous nous parlez de votre collaboration de longue date avec Patrick Bizot ?
D.B : Dans le milieu du cheval, comme dans le business, il faut un producteur, un investisseur, un cavalier… bref, il faut une équipe pour y arriver.
Patrick, qui achète 50% des deux ou trois meilleurs poulains de chaque génération de l’élevage, nous a permis par son soutien financier de conserver des chevaux et de les amener à haut niveau. C’est notamment grâce à lui que nous avons pu conserver Old Chap si longtemps et qu’il a pu atteindre le haut niveau avec nous. S’il n’avait pas été là, nous aurions probablement vendu le cheval à cinq ou six ans.
W. : Le concours étalons, la grande semaine de l’élevage… sont-elles des étapes incontournables dans la carrière de vos jeunes chevaux ?
D.B. : Il est bon de participer au concours étalons à trois ans pour se confronter aux autres car chez soi on a tendance à toujours être champion du Monde. Il est important d’y aller pour bien y figurer mais les gens oublient vite qui étaient les cinq premiers du championnat. L’approbation à trois ans n’est pas forcément une finalité car les jeunes étalons saillissent peu. Le stud book nous donne accès au Guide Selle Français des jeunes étalons qui est un très bon outil puisqu’y figurent des appréciations de professionnels. A trois ans, Old Chap avait eu la meilleure note à l’obstacle du concours mais il avait manqué l’agrément pour un demi-point.
Si un cheval étalonnable n’est pas approuvé à trois ans, il est toujours possible de le présenter à Fontainebleau les années suivantes.
Comme le concours étalons, pour nous Fontainebleau n’est pas un impératif, mais cela est bien de participer pour l’image du haras. Si nos chevaux sont qualifiés et que nous estimons qu’ils sont prêts, nous les emmenons, mais je pense que lorsque l’on a un cheval avec du potentiel il faut suivre son chemin, qu’il passe ou non par Fontainebleau.
W. : Pouvez-vous nous parler de votre actualité d’étalonnage ?
D.B. : Etalonnier était notre métier à part entière du temps de Narcos II, Quat’Sous… A l’époque, nous faisions des présentations privées à la maison où 600 personnes venaient chez nous.
Aujourd’hui, ce n’est plus notre premier métier, nous ne mettons pas tout en œuvre pour vendre le plus de cartes possibles. D’une part, nous n’avons pas suffisamment de moyens et, d’autre part, nous avons peu d’étalons et je pense que pour fonctionner aujourd’hui il faut une offre large.
Pour qu’un étalon travaille dans notre structure, dans laquelle il y a moins de marketing que chez les étalonniers leaders, il faut vraiment que ce soit un cheval qui crève l’écran.
Cette année, cinq étalons sont proposés à la monte en semence fraîche au haras de Tamerville : Canturo, L’Arc de Triomphe, Montender, Quadrio Tame et Quinoto Bois Margot, et, en collaboration avec Eurogen, 25 à 30 étalons sont congelés chaque année à Tamerville, mais nous gérons uniquement la monte et l’envoi.
2ème partie à suivre demain.
Photos : en haut, Old Chap Tame, récent 2ème du Grand Prix CSI5* de Shanghai. En bas, une partie de l'effectif des poulinières de Denis Brohier - Photos Collection privée.
Deux jours après une Coupe des Nations pleine de suspens qui a couronné la France, Patrice Delaveau signe une nouvelle victoire dans un Grand Prix CSIO avec Orient Express. Retour sur une épreuve très disputée.
Santiago Varela, également chef de piste de la finale de la Coupe des Nations à Barcelone, a tracé comme dans la Coupe des Nations un parcours subtil, bien plus difficile qu’il n’y paraissait : « C’était une épreuve beaucoup plus grosse que ce que les gens pensaient. Le parcours était compliqué pour les cavaliers qui devaient à plusieurs reprises choisir entre plusieurs options. », déclarait-il.
Une épreuve malheureusement marquée par la lourde chute de Denis Lynch et Coulisa. Après avoir trébuché au milieu du double numéro quatre, la jument fait une grosse faute sur la rivière et, après une partie de parcours peu sereine, la jument décolle une foulée avant la barre de spa numéro onze. Des examens sont en cours en clinique, mais l’état de la jument avant son départ du terrain était assez préoccupant.
A l’issue du parcours initial, douze couples peuvent encore prétendre à la victoire. Patrice Delaveau est le seul tricolore à se qualifier pour le barrage, malgré un gros sursis sur l’oxer numéro deux, à l’origine par ailleurs de nombreuses fautes, tout comme le vertical sur bidet numéro 12 qui a causé une quinzaine de fautes, empêchant Marie Hécart, Yuri Mansur Guerios, Frank Schuttert, Marcus Ehning mais aussi Rolf-Göran Bengtsson d’accéder au barrage alors qu’ils semblaient avoir fait le plus dur. De leur côté, Maikel Van der Vleuten/Verdi (Quidam de Revel x Landgraf I) et Abdel Said/Vingino (Voltaire x Cassini I), manquent le barrage à cause d’un point de temps dépassé, rageant !
Lucy Davis ouvre le barrage avec Barron (For Pleasure x Nabab de Reve). Impérial à l’initial, la couple fait tomber le deuxième obstacle, tout comme Jos Lansink, qui, avec Ensor de Litrange LXII (Nabab de Reve x Mr Blue), possède une monture qui semble avoir le potentiel pour disputer un beau championnat. Jane Richard Philips signe le premier sans faute avec un Pablo de Virton (Andiamo x Kashmir Van’t Schuttershof) toujours aussi vaillant (7ème). S’engage alors un barrage fou, qui va très vite puisque tous les couples veulent terminer sur la plus haute marche du podium. Gerco Schröder et London (Nabab de Reve x Chin Chin), malheureux barragistes de la Coupe des Nations, signent cette fois un sans faute rapide mais insuffisant pour prétendre au podium (6ème). Patrice Delaveau part à sa poursuite et, après un gros risque sur le troisième obstacle du barrage, il s’empare de la tête avec plus de deux secondes d’avance. La messe semble dite, mais ses poursuivants ne veulent rien lâcher. Bertram Allen et Molly Malone V (Kannan x Cavalier), vainqueurs cette année du Grand Prix CSIO de Lummen, se rapprochent du temps de référence mais ne parviennent pas à l’améliorer. Paul Estermann est en tête au temps intermédiaire avec Castlefield Eclipse (Obos Quality x Furisto) mais un moins bon virage après l’avant-dernier lui coûte la victoire (3ème). C’est ensuite au tour de Daniel Deusser. Après un début de barrage prudent, il passe la surmultipliée mais un peu trop tard et achève son parcours à près d’une seconde du Français avec Cornet d’Amour (Cornet Obolensky x Damiani). La prise de risques est fatale à Brianne Goutal/Nice de Prissey (Rosire x Amarpour ps) et Jur Vrieling/ Bubalu (Baloubet du Rouet x Nimmerdor). Il ne reste alors plus qu’un couple à s’élancer, Marc Houtzager et le vétéran Opium (Polydor x Bormio), toujours autant en forme à 18 ans. Il veut briller devant son public mais son parcours est moins rapide que celui de Delaveau. Il signe toutefois une belle 5ème place.
Patrice Delaveau signe sa troisième victoire dans un Grand Prix CSIO avec Orient Express, après ses succès à Falsterbo et La Baule : « Il était prévu avant la chute de Carinjo que je monte Orient dans le Grand Prix ici. Nous avons eu un premier tour un peu délicat car Orient, qui faisait son retour à ce niveau, n’avait pas fait de grosse épreuve depuis quelque temps. En revanche il a très bien sauté au barrage. », expliquait le cavalier tricolore qui en profitait pour donner des nouvelles de Carinjo : « Carinjo s’est donné un coup derrière le genou lors de sa chute. Il a un gros hématome mais pas de fracture, il devrait être rétabli d’ici huit à dix jours. »
Le CSIO de Rotterdam s’achève de fort belle manière avec un barrage de haut niveau dans l’épreuve phare du dimanche. Le prochain CSIO au programme se disputera à Falsterbo du 10 au 13 juillet.
Résultats complets de l’épreuve
Vidéos du podium :
Vainqueur : Patrice Delaveau/Orient Express
2ème : Daniel Deusser/Cornet d’Amour
3ème : Paul Estermann/Castlefield Eclipse
Photo : Patrice Delaveau et Orient Express, vainqueurs du Grand Prix CSIO de Rotterdam - Webstallions