Troisième partie de notre entretien consacré à Abdel Said.

Comment se déroule votre journée type ?

Les chevaux sont nourris à 7h30 et j’arrive généralement aux écuries vers 8 heures et nous faisons le planning de la journée, puis je commence par monter les chevaux que je sors en compétition.

Je consacre l’après-midi à l’enseignement et à la recherche de chevaux. Parfois je passe tout l’après-midi à enseigner et je saute dans la voiture pour essayer des chevaux le soir. On  essaye des chevaux en Belgique mais va aussi aux Pays-Bas, en Allemagne… Quand je vais essayer des chevaux en France c’est différent car à ce moment-là on part à cinq heures du matin étant donné que c’est assez loin et on y passe la journée. La plupart du temps nous allons en Normandie et pas à Lille qui serait plus près (rires) !

Nous allons principalement voir des chevaux en Belgique et aux Pays-Bas parce que je connais les gens et que c’est plus simple pour moi. Bien sûr quand je cherche un cheval de Grand Prix je n’hésite pas à me déplacer plus loin.

Que pensez-vous de la France d’un point de vue commercial ?

Je pense que la France est un pays vraiment intéressant mais il faut un peu savoir où l’on va. C’est un pays qui a beaucoup de potentiel. On peut trouver des superstars mais les trouver au bon prix à ce moment-là ce n’est pas si facile parce que certaines personnes ne voient pas que les cavaliers ont encore beaucoup de travail à faire une fois qu’ils ont acheté les chevaux.

Avez-vous vraiment l’impression que les gens ont tendance à surévaluer les prix des chevaux en France plus qu’en Belgique ?

Je pense que c’est à peu près pareil en Belgique. Quand les gens voient qu’ils ont un cheval de qualité, ils mettent immédiatement un gros prix dessus. La qualité d’un cheval n’est pas tout, ce n’est qu’un début. Il doit être construit et formé. Il y a de nombreux coûts à rajouter sur le cheval avant qu’il ne soit prêt et je pense que c’est quelque chose sur laquelle les cavaliers et les éleveurs doivent réfléchir ensemble pour arriver à un prix juste. Les éleveurs ne doivent pas avoir le sentiment que les cavaliers achètent leurs chevaux à un prix trop faible mais en même temps les cavaliers ne doivent pas surpayer un cheval à former car à un moment donné ça coince. A mon avis les deux ont besoin l’un de l’autre et s’ils coopèrent davantage il y a un cercle vertueux.

Je pense qu’il faut être prudent de ne pas vendre un potentiel et ne pas donner par exemple à un cheval de sept ans le prix qu’il aurait après deux années de Grands Prix cinq étoiles. Aux Pays-Bas, les gens ont davantage les pieds sur terre.

Vous êtes très actif aux Etats-Unis, quelles sont les spécificités de ce marché ?

Nous vendons beaucoup de chevaux aux Etats-Unis par l’intermédiaire de Cian O’Connor mais aussi d’entraîneurs qui ne sont pas forcément des noms célèbres dans le sport mais qui ont de grosses écuries aux Etats-Unis. Nous travaillons aussi avec les Hendrix et j’ai moi-même quelques bons clients qui sont dans mon écurie et achètent de bons chevaux à des prix élevés.

Le business aux Etats-Unis est complètement différent de ce que l’on voit en Europe. Généralement, les clients veulent le meilleur mais ils sont aussi prêts à payer le prix. Les chevaux doivent être faciles à monter, bien dressés et doivent avoir de bonnes performances. Encore une fois cela dépend, je parle de la majorité des cas. En général les visites vétérinaires doivent être très bonnes.

Qu’est-ce que votre victoire à Vérone a changé pour vous ?

Pour moi personnellement cette victoire a été une grande source de satisfaction, ça a vraiment été un « bouleversement » pour ma carrière. En tant qu’enfant j’ai grandi en regardant les Coupes du Monde Volvo en 1997 et 1998, le mercredi soir sur Eurosport, c’étaient les meilleurs moments de ma semaine. C’était un rêve pour moi de gagner un jour une Coupe du Monde à ce moment-là et que cela devienne réalité, particulièrement à Vérone qui est l’un de mes concours préférés et en plus avec un cheval qui m’appartenait m’a donné beaucoup de satisfaction et de confiance.

Dans notre sport, tout repart à zéro chaque semaine et il faut prouver chaque semaine mais cela plus les nouvelles installations plus le fait d’avoir vendu Good Luck à Cian ainsi que d’autres chevaux, cela commence à nous établir comme une écurie sérieuse en Europe. Vérone était la cerise sur le gâteau.

Suite et fin demain !

Photo 1 : Les écuries d'Abdel Said sont installées dans un cadre verdoyant - Collection privée

Photo 2  : Good Luck, le crack de Cian O'Connor, a été vendu à ce dernier par l'intermédiaire d'Abdel Said - Crédit photo Claire Simler

Photo 3 : A Vérone, en compagnie de la prometteuse Hope van Sherpen Donder, Abdel s'est adjugé le Grand Prix Coupe du Monde, signant du même coup la plus belle victoire de sa carrière - Crédit photo : DR Jumping Verona

Deuxième partie de notre entretien avec le cavaliers egyptien Abdel Said, qui nous parle plus en détails de ses deux montures de tête en 2016, Hope va, Sherpen Donder et California, ainsi que de son fonctionnement.

Pouvez-vous nous parler de California qui a fait une superbe saison 2016 avant d’être vendue aux écuries Tops ?

J’ai participé à la tournée américaine l’an dernier et plusieurs de mes chevaux ont été vendus là-bas. C’était très intéressant pour le commerce mais je n’y suis pas allé pour le sport si ce n’est pour faire avancer Hope et je n’attendais pas d’autre. J’ai finalement reçu un appel d’un des copropriétaires de California, Johan Lenssens, qui m’a dit « Abdel, nous avons une jument qui pourrait vraiment bien te convenir, peux-tu aller l’essayer ? ». Il m’a envoyé le numéro des gens chez qui elle était stationnée.  Je l’ai essayée et je l’ai vraiment aimée. J’ai donc commencé à la monter en compétition.

La première semaine je l’ai montée dans une 1,20m, le lendemain dans une 1,30m, puis une 1,35m. Je me sentais très bien avec elle et la semaine d’après j’ai sauté 1,40m, puis une ranking à 1,45m. La semaine suivante elle a sauté une 1,50m et a continué de progresser. A la fin de la tournée elle a été double sans-faute  et 5ème dans une épreuve à 86000 dollars du CSI5* qui était une 1,55m.

Elle a ensuite débuté la saison en Europe à La Baule. Elle était verte et je pouvais parfois faire une faute à cause de son manque d’expérience à ce niveau. Elle a commencé à être vraiment régulière au CSI3* de Knokke. Elle a gagné le petit Grand Prix la première semaine et le Grand Prix la deuxième. Depuis elle n’a fait que monter et progresser. Elle a été 2ème à La Corogne, puis 2ème du Grand Prix CSIO de Gijon. J’ai fait mon dernier concours avec elle à Barcelone. Je trouve qu’elle a sauté de manière incroyable le premier jour. Nous avons eu une incompréhension, j’étais trop près et elle n’a pas pu complètement finir sa dernière foulée, ce qui a occasionné une faute sur une entrée de double, mais elle a fait des choses vraiment incroyables alors que c’était une épreuve difficile. J’ai toujours pensé qu’elle était spéciale mais sur ce parcours elle l’a vraiment confirmé. Beaucoup de personnes se sont intéressées à elle à ce moment-là puis Jan et Edwina ont essayé la jument après Barcelone et ils ont eu un bon sentiment. J’ai eu des sentiments partagés : en tant que cavalier, c’est toujours difficile mais mon business passe en premier alors même si j’étais proche de la jument et que je l’estimais beaucoup pour moi c’est une histoire réussie car la jument a beaucoup évolué à partir du moment où j’ai commencé à la monter. Elle est passée du niveau 1,40m en 1,60m en sept mois avec des résultats et le fait qu’elle ait été vendue à Jan est une vraie réussite pour moi. C’était réconfortant même si j’ai perdu l’un de mes meilleurs chevaux et cela a été un plaisir de voir la jument si bien sauter avec Edwina dans leur première grosse épreuve ensemble, le Grand Prix de Paris, j’ai trouvé que c’était l’un des meilleurs chevaux de l’épreuve.

Parlons maintenant d’Hope, la jument avec laquelle vous avez gagné le Grand Prix Coupe du Monde de Vérone

J’ai acheté Hope à l’été de ses sept ans. Elle m’a tapé dans l’œil lors d’un concours à Opglabbeek. J’étais assis en train de prendre un café, j’avais fini et j’étais sur le point de partir. A ce moment-là se déroulait la grosse épreuve, une 1,40m. Elle est rentrée sur le paddock, et, comme j’aime bien les chevaux légers et dans le sang elle m’a directement tapé dans l’œil, c’était une jolie jument. Ensuite je l’ai regardé sauter et je me suis dit : « ok, c’est une jument sympathique et mignonne » mais je n’ai pas senti tout de suite un gros futur. Et ensuite, quand je sortais du concours, je suis passé devant la piste, je l’ai vue sauter l’épreuve et elle a fait un sans-faute. J’ai regardé la liste et je me suis rendu compte qu’elle n’avait que sept ans. Elle sautait vraiment bien par rapport au fait que c’était déjà une belle épreuve pour son âge. Je suis allé l’essayer et j’en suis tout de suite tombé amoureux, elle a fait des choses incroyables pendant l’essai. Ce n’était pas la plus facile, mais elle a fait des choses formidables, j’ai par exemple sauté un triple et elle a fait quelque chose de fantastique que peu de chevaux peuvent faire. Depuis elle a fait de très bonnes choses avec moi, j’ai probablement eu la plus belle victoire de ma carrière jusqu’ici grâce à elle.

J’ai aussi en ce moment une jument dans laquelle je fonde beaucoup d’espoirs, Itchy van het Lambroeck (Berlin x For Pleasure), qui vient de prendre neuf ans (NDLR : fille de Florette van het Lambroeck qui brille dans les CSI5* avec Edwina Tops-Alexander). Je l’ai depuis qu’elle a sept ans. Je pense qu’il lui manque encore un an et il faut toujours être prudent avec les chevaux mais selon moi cela va vraiment être une jument très spéciale avec tout le potentiel : la puissance, la couverture, le cœur, la tête, nous avons juste le temps contre nous pour le moment car elle manque encore un peu d’expérience.

Beaucoup de chevaux que vous montez vous appartiennent, pouvez-vous nous en expliquer les raisons ?

Les bons propriétaires, les gens qui soutiennent vraiment les cavaliers, qui investissent et restent derrière les cavaliers ne sont pas si nombreux, je pense qu’on les compte sur les doigts d’une main dans tous les pays.

Je suis le genre de personne qui ne veut pas attendre la chance en m’apitoyant sur mon sort. J’ai pensé : « quel est l’autre moyen de faire du beau sport ? ». J’ai travaillé dur, généré du business et j’ai essayé de retrouver des jeunes chevaux. Pour moi c’est très simple, comme je n’ai pas de sponsor derrière moi qui me dit qu’il me soutient juste pour le sport, tous mes chevaux sont à vendre, mais tant qu’ils ne sont pas vendus je les développe dans le sport.

 

Pouvez-nous vous parler de votre business ? En quoi consistent vos activités ? Quels sont vos partenaires ?

Mon business se compose de trois différentes activités :

-       Formation et vente de chevaux, ce que je fais aujourd’hui avec Samuel Hutton qui est un excellent cavalier, talentueux et sérieux.

-       Recherche et détection de chevaux, pour laquelle Philippe de Balanda m’aide beaucoup. J’ai embauché une personne supplémentaire pour cela car j’ai le sentiment que nous sommes en train de nous développer et que je ne pouvais pas continuer à m’occuper de tout

-       Coaching et pensions. J’ai de bons clients qui sont installés chez moi toute l’année et pour lesquels je fais tout le management. Entraînement, recherche de chevaux, management des compétitions, vétérinaire… Ils ont juste besoin de venir monter, nous nous occupons du reste.

Cette année, j’ai pris la décision d’acheter ma propre écurie ce qui a été un gros changement qui je pense est très important pour l’évolution de mon business parce que cela va générer des opportunités. C’est différent lorsque l’on est chez soi et je suis vraiment heureux de ce changement. J’entretiens toujours d’excellentes relations avec la plupart des éleveurs. L’un d’entre eux par exemple est la famille Theeuwes qui élève d’excellents chevaux. Je travaille aussi avec d’autres bons éleveurs ici et là qui m’appellent, me montrent leurs chevaux et, si je les aime bien, je les prends. J’entretiens par exemple d’excellentes relations avec les éleveurs à qui j’ai acheté Itchy et nous avons aussi fait des choses ensemble sur d’autres chevaux.

J’aimerais devenir une référence comme Stephex ou Hendrix, où les gens savent que s’ils ont un bon cheval ils peuvent l’emmener et qu’il y a de bonnes chances pour que je l’achète où que je le vende à l’un de mes bons clients.

Toutes ces activités me donnent beaucoup de travail et je me suis rendu compte qu’il fallait que je réunisse du personnel autour de moi pour m’aider car si je veux faire du sport au top niveau, rechercher des chevaux, entraîner les clients tout seul ce n’est pas possible. Actuellement il y a à peu près dix personnes qui travaillent pour moi.

Il y a trente-deux boxes dans mes écuries. Elles sont vraiment remplies en ce moment et il m’en faudrait cinq de plus mais je me suis dit que je n’allais pas le faire, je préfère rester sur ce nombre de chevaux en recherchant la qualité. 

La suite demain !

Photo 1 : Sous la selle d'Edwina Tops-Alexander depuis fin 2016, California a brillé sous la selle d'Abdel Said, se classant notamment 2ème du Grand Prix CSIO de Gijon - Crédit photo : Claire Simler

Photo 2 : Avec Hope van Sherpen Donder, Abdel a remporté le Grand Prix Coupe du Monde de Vérone qui est jusqu'alors le plus beau succès de sa jeune carrière - Crédit photo :  Claire Simler

Photo 3 à 5 : Abdel Said a récemment acheté ses propres installations, situées en Belgique près d'Anvers - Collection privée

 

A 27 ans, Abdel Said est déjà doté d’une belle expérience. Auteur d’une superbe saison 2016, le cavalier égyptien a crevé l’écran en novembre à Vérone en s’adjugeant le Grand Prix Coupe du Monde. Webstallions vous propose de découvrir son parcours, ses chevaux, son fonctionnement et ses aspirations dans une interview passionnante.

Quel a été votre parcours ?

Je suis né à Alexandrie et j’ai commencé à monter à cheval à 5 ans dans un club où je pratiquais également d’autres sports. Au bout d’un an, je me suis intéressé au saut d’obstacles et j’ai décidé d’arrêter les autres sports et de monter à cheval de manière plus sérieuse. Mes parents m’ont acheté à cette époque deux chevaux arabes et j’ai commencé à travailler avec un entraîneur local à ce moment-là.

Quand j’ai eu dix ans, je suis allé aux Pays-Bas avec mes parents et mon entraîneur de l’époque pour chercher un cheval. Nous sommes venus pour acheter un cheval et nous en avons finalement acheté deux chez Emile Hendrix. Mes parents se sont bien entendus avec la famille Hendrix et l’année d’après, pendant mes vacances d’été, mes parents ont demandé à Emile si je pouvais venir m’entraîner là-bas pour apprendre. Il a accepté et depuis nous n’avons jamais quitté l’Europe. Mes parents m’ont inscrit dans une école internationale à Eindhoven. J’allais à l’école toute la journée et tous les soirs je montais deux chevaux avec Emile, puis je faisais mes devoirs en rentrant. J’ai fonctionné comme cela jusqu’à l’obtention de mon diplôme à 18 ans.

Ensuite j’ai voulu passer professionnel mais il y a eu la crise financière et mes parents ne pouvaient plus m’aider. J’ai donc commencé à travailler chez Jos Lansink, ce qui a été une très bonne expérience. Je suis resté là-bas un an. Puis j’ai entendu parler d’un emploi chez Star Horses, qui était un poste qui me correspondait davantage puisque cela me permettait de faire de plus gros concours alors que chez Jos je m’occupais davantage de préparer les chevaux pour les vendre. J’ai pris ce poste, ce qui à cette époque a été une très bonne décision pour ma carrière. J’ai eu un très bon cheval appelé Avenir (Phin Phin x Flamingo). Ce cheval, qui était le seul que je montais à ce niveau à l’époque, m’a mené jusqu’à la 65ème place mondiale, ce qui était formidable. Quelques semaines avant les JEM du Kentucky, le propriétaire et moi avons eu une mésentente et j’ai décidé de commencer me mettre à mon compte. J’ai sacrifié le fait d’aller aux JEM mais je pense que c’était la bonne décision.

 

Pouvez-vous nous parler de vos chevaux marquants ?

Avant Avenir j’ai eu un des meilleurs chevaux, si ce n’est le meilleur cheval de ma vie, une jument qui s’appelait Sky-High (Garmisch x Casimir). Mes parents avaient acheté la jument à cinq ans à Emile Hendrix, c’était d’ailleurs le cheval que nous avions acheté le plus cher à ce moment-là. J’étais fou d’elle. Normalement il n’était pas prévu d’acheter un jeune cheval pour un jeune garçon mais je l’aimais tellement que j’ai poussé Emile à me la présenter. Cette jument a été incroyable pour moi. Quand j’ai eu 18 ans,  nous avons été 4èmes du Grand Prix CSIO de Dublin, fait la finale de la Super League à Barcelone où nous avons réalisé un sans-faute dans le Grand Prix et été sans-faute dans le Grand Prix Coupe du Monde d’Oslo. Malheureusement elle s’est blessée gravement en transport dans le bateau qui l’amenait à Helsinki. Cela a été vraiment bouleversant pour moi humainement, d’autant plus que ça m’a vraiment fait redescendre sportivement parlant. Perdre Sky-High a certainement été ma plus grande déception jusqu’à ce jour.

Heureusement, après elle, j’ai eu Avenir qui était vraiment une star et m’a permis de remonter. Nous avons eu de très bons résultats, comme une 2ème place à Anvers, une 5ème à Londres, une victoire dans une grosse épreuve à Londres et Anvers. C’était vraiment un bon cheval. 

J’ai ensuite eu la chance de rencontrer François Leiser (NDLR : propriétaire à l’époque de Carlina, Ulysse…), qui a été vraiment bien avec moi, je ne peux dire que de bonnes choses à son sujet. Même si ses chevaux de tête étaient montés par Pius Schwizer,  j’ai saisi l’opportunité de monter pour lui et j’ai essayé de faire de mon mieux avec une attitude positive, je pense que François appréciait cela. J’ai monté pour lui Duc de Mariposa (Nabab de Reve x Primo des Bruyeres) à partir de ses 7 ans et à la fin j’ai fait quelques étapes du Global Champions Tour avec lui même si ce n’était peut-être pas complètement un cheval pour ce niveau. Il a aussi été sans-faute dans le Grand Prix d’Oslo à huit ans, sans-faute dans le Grand Prix de Leipzig… donc nous avons eu de bons résultats. Nous sommes passés tout près de la qualification pour les JO, j’ai fait quatre points sur le dernier au barrage !

Après cela j’ai monté Der Senaat 111 (President x Burggraaf), un bon étalon d’Harrie Theeuwes chez qui mes chevaux étaient installés et pour qui je montais un peu. Il a fait un très bon concours à Londres où il a terminé 5ème du Grand Prix et il a aussi fait d’autres bonnes performances.

Par la suite j’ai eu Vingino (Voltaire x Cassini I) (NDLR : acheté lors de la vente aux enchères Eurocommerce) qui m’a remis sur le devant de la scène. Il a été 5ème à Mannheim et il a fait de bonnes choses en CSIO. Il m’a emmené aux JEM qui n’a pour être honnête pas été ma meilleure expérience mais cela m’a vraiment appris ce à quoi je devais m’attendre la prochaine fois. C’est en cela que je regrette de ne pas être allé à Lexington en 2010. Je me suis toujours dit que pour aller à un concours il fallait avoir une chance de gagner, mais ce n’est pas toujours complètement vrai. Si j’étais allé à Lexington, je me serais préparé de manière complètement différente pour les JEM de Caen, qui a par ailleurs été pour moi un formidable événement, l’un de mes préférés de toute ma carrière, avec une atmosphère incroyable dans le stade. J’ai tiré du positif de cette expérience négative, maintenant je sais à quoi m’attendre la prochaine fois que je participerai à un championnat. Ce n’est pas comme n’importe quel autre concours, la pression est complètement différente, les obstacles sont gros dès le premier jour, il y a de la pression à monter pour son pays, le public, c’est vraiment autre chose.

J’ai également monté Dakota (Cento Lano x Ireco) qui a été une jument très utile pour moi. Nous l’avions achetée en même temps que Vingino. Je l’ai montée pendant quelques mois et elle a ensuite été vendue aux Etats-Unis. Ensemble, nous avons terminé 2èmes du Grand Prix de Paderborn. Elle a été 7ème du GP au CSIO d’Abu Dhabi. Ce n’était pas vraiment une jument pour sauter un championnat mais une vraie jument de concours.

La suite, c'est demain !

Photo 1 : Abdel Said - Collection privée

Photo 2 : Avenir a permis à Abdel Said de remporter de nombreuses épreuves internationales. Le couple s'est séparé juste avant les JEM de Lexington  - Crédit Photo Claire Simler

Photo 3 : Vingino a permis à Abdel de participer aux Jeux Equestres Mondiaux de Caen - Crédit photo Claire Simler

Photo 4 : Dakota, vendue aux Etats-Unis, a permis à Abdel de se classer 7ème du GP CSIO d'Abu Dhabi - Crédit photo Claire Simler

Deux ans après la victoire de Sergio Alvarez Moya et Carlo 273, Zürich a à nouveau souri à l’Espagne grâce à Eduardo Alvarez Aznar, qui signe son premier succès dans un Grand Prix Coupe du Monde.

Deux jours après le Longines Grand Prix, qui a vu la victoire de Martin Fuchs, forfait ce dimanche suite à une fracture du nez samedi matin, le chef de piste Guido Balsiger a tracé un parcours assez délicat. Si six couples réalisent un parcours sans-faute dans la première moitié de l’épreuve, les vingt mieux classés à la ranking mondiale ont plus de mal puisqu’ils ne sont que trois à décrocher leur qualification pour le barrage, dont la cavalière tricolore Pénélope Leprévost, associée à l’étalon Vagabond de la Pomme (Vigo d’Arsouilles x For Pleasure). Les fautes se concentrent principalement sur le double numéro 12, qui pénalise plus du tiers des concurrents, alors que le triple provoque la chute spectaculaire de Roger-Yves Bost et Sangria du Coty (Quaprice Boimargot x Muguet du Manoir) et l’abandon de Gregory Wathelet et Coree (Cornet Obolensky x Liberty Life), vainqueurs la semaine dernière à Leipzig.

Au barrage, les deux chances suisses, Paul Estermann/Lord Pepsi (Lord Pezi x Santander H) , 3ème vendredi soir, et Werner Muff/Pollendr (Polytraum x Corrado) sont tous deux pénalisés d’une faute et se classent respectivement 6èmes et 8èmes. Pénélope Leprévost s’intercale entre les deux cavaliers locaux et prend quelques précieux points en vue de la qualification pour la finale.

Cinq couples réalisent un double sans-faute. Si Marco Kutscher préfère assurer avec Clenur (Carinue x Fernando), les autres jouent le jeu, à l’image de Carlos Lopez. Vainqueur à La Corogne, le Colombien prend des risques avec Admara (Padinus x Murano) mais il perd du temps sur le dernier et signe un chronomètre de 38’43. William Whitaker, associé depuis quelques mois seulement à Utamaro d’Ecaussines (Diamant de Semilly x Quidam de Revel), l’ancienne monture de Joe Clee, est plus rapide au début du barrage mais il s’écarte pour aller aborder le mur placé en avant-dernier et perd un temps précieux qui lui coûte le podium (4ème). De son côté, l’Espagnol Eduardo Alvarez Aznar, qui participe à sa cinquième étape du circuit et affiche toujours un compteur vierge, prend tous les risques et serre au maximum ses courbes. Son partenaire Rokfeller de Pleville (L’Arc de Triomphe x Apache d’Adriers) répond magnifiquement et lui permet de devancer de plus de deux secondes Carlos Lopez. Malgré une dernière ligne où il tente le tout pour le tout, Max Kühner, l’ultime barragiste, ne parvient pas à rattraper suffisamment son retard et il doit se contenter de la deuxième place de l’épreuve en compagnie de Cornet Kalua (Cornet Obolensky x Platin).

Venu en outsider, Eduardo Alvarez Aznar signe une magnifique victoire : « C’est ma première victoire en cinq étoiles et la première en Coupe du Monde. On ne peut être plus heureux que je ne le suis, je suis très content de mon cheval. Avant de prendre le départ du barrage, mon plan était de faire le mieux possible car je n’avais rien à perdre, d’autant que jusque là la Coupe du Monde n’était pas un objectif. », confiait le vainqueur.

Deuxième, Max Kühner se rapproche fortement d’une qualification pour la finale : « Je suis très content de ma deuxième place. Je dois faire un compliment au chef de piste Guido Baldiger qui a monté de très beaux parcours tout le week-end. Ces derniers temps, il y avait beaucoup trop de barragistes dans les grands prix Coupe du Monde. C’est pénible quand il y a une vingtaine de cavaliers au barrage, mais ça n’a pas été le cas aujourd’hui. », expliquait le cavalier autrichien.

Avec 43 points au classement général, Carlos Lopez, 3ème, a désormais son ticket pour Omaha : « Je suis très content. Mon cheval s’améliore de week-end en week-end et nous travaillons de mieux en mieux ensemble. Grâce à ce classement, je suis qualifié pour la finale. Je devais normalement aller à Bordeaux la semaine prochaine mais je pense que je vais déclarer forfait et emmener mes chevaux à la plage à la place. », racontait le Colombien.

Résultats complets du Grand Prix

Au classement général du circuit, Kevin Staut conserve la tête avec 78 points, devant Lorenzo de Luca qui, grâce à sa dixième place à Zürich, remonte à onze points du leader (67 points). Auteur d’un parcours rapide à 4 points qui lui vaut une 12ème place en Suisse, Ludger Beerbaum s’empare de la 3ème place avec 46 points. Si Kevin Staut est largement qualifié pour la finale d’Omaha, quatre de ses coéquipiers peuvent espérer partir aux Etats-Unis :  Roger-Yves Bost et Simon Delestre, respectivement 16ème et 17ème avec 34 points, Pénélope Leprévost, qui remonte à la 22ème place avec 27 points et Olivier Robert, 23ème avec 26 points. Pour espérer être du voyage, ils devront absolument prendre des points dès la semaine prochaine lors de l’étape bordelaise.

Classement général provisoire après la 11ème étape

Photo : Eduardo Alvarez Aznar et Rokfeller de Pleville, vainqueurs du Grand Prix Coupe du Monde de Zürich – Claire Simler

 

Cette semaine, le seul concours cinq étoiles au programme se déroule à Zürich, qui accueille la 11ème étape du circuit Coupe du Monde d’Europe de l’Ouest. Daniel Deusser, Christian Ahlmann, Ludger Beerbaum, Steve Guerdat, Edwina Tops-Alexander, Gregory Wathelet, Lorenzo de Luca, Niels Bruynseels, Michael Whitaker, Maikel van der Vleuten, Romain Duguet ou encore Marco Kutscher sont engagés. Cinq cavaliers français sont de la partie : Roger-Yves Bost, Simon Delestre, Pénélope Leprévost, Olivier Robert et Kevin Staut.

Deux autres étapes Coupe du Monde ont lieu dans le monde, l’une à Guadalajara, l’autre à Dubai.

Un CSI4* est au programme à Amsterdam : Marcus Ehning, Bertram Allen, Jérôme Guéry, Olivier Philippaerts, Peder Fredricson, John Whitaker, Piergiorgio Bucci, Gerco Schröder, Hans-Dieter Dreher, Jur Vrieling ou encore Jeroen Dubbeldam y participent. Patrice Delaveau est le seul cavalier tricolore au départ.

De leur côté, les tournées hivernales de Wellington et Oliva se poursuivent. A suivre également les CSI2* de Kronenberg et Lier.

CSIW de Zürich (Sui) : Résultats en ligne  – Live Streaming

CSI4* d’Amsterdam (Ned) : Résultats en ligne  – Live Streaming

CSI4*-W de Guadalajara (Mex) : Résultats en ligne  - Live Streaming

CSI3*-W de Dubai (Uae) : Résultats en ligne

CSI3* de Wellington (Usa) : Résultats en ligne - Live Streaming

CSI2* de Kronenberg (Ned) : Résultats en ligne

CSI2* de Lier (Bel) : Résultats en ligne

CSI2* d’Oliva (Esp) : Résultats en ligne  – Live Streaming

 

Leipzig a accueilli ce dimanche la 10ème étape de la ligue d’Europe de l’Ouest du circuit Coupe du Monde. Pas moins de seize des quarante cavaliers engagés dans le Grand Prix se sont qualifiés pour le barrage dont sept Allemands. Malheureusement le cavalier français Olivier Robert, associé à Tempo de Paban (Jarnac x Quatar de Plape) et le Britannique Scott Brash, en selle sur Ursula XII (Ahorn x Papageno), n’en sont pas à cause d’une faute sur l’ultime obstacle.

Le barrage commence fort avec un beau sans faute du jeune Guido Klatte Jr et de Qinghai (Quidam de Revel x Cordalme), rapidement devancé par son compatriote Markus Brinkmann et l’excellent Dylon (Diamant de Semilly x Carry) qui était déjà double sans-faute à Stuttgart. Vainqueur surprise l’an dernier, Niklas Krieg, toujours en compagnie de Carella (Clearway x Concerto II), parvient à abaisser encore ce chronomètre et peut rêver d’un doublé, même si la route est encore longue. Markus Renzel est pour sa part un peu plus lent avec Cato (Chequille x Ratsherr), tout comme Martin Fuchs, double sans-faute comme à Bâle avec Clooney 51 (Cornet Obolensky x Ferragamo).

Vainqueur de l’étape de Malines, Roger-Yves Bost s’élance avec Sydney Une Prince (Baloubet du Rouet x Alfa d’Elle). Après avoir commis une faute, il accélère puis s’engouffre dans un trou de souris en sautant au-dessus des fleurs pour aller sur l’ultime obstacle. Cette option lui permet de marquer quelques points précieux en vue de la finale d’Omaha. De leur côté, Daniel Deusser et Equita van’t Zorgvliet (Cassini I x Darco), qui l’avaient emporté à Lyon, sont fautifs par deux fois.

Brillant depuis le début de la saison indoor, Kevin Staut était jusque là souvent malheureux au chronomètre avec Reveur de Hurtebise (Kashmir van’t Schuttershof x Capricieux des Six Censes). Cette fois, il réalise un superbe barrage et devance le leader de près de deux secondes. Il semble quasiment imbattable, et si Ludger Beerbaum ne prend pas tous les risques avec Casello (Casall x Carolus I), malheureusement pour le Français Gregory Wathelet, en selle sur Coree (Cornet Obolensky x Liberty Life), tente le tout pour le tout et abaisse son temps de dix-sept petits centièmes. Derrière lui Simon Delestre est victime d’un refus avec Chesall (Casall x Concerto II), alors que l’ultime partant Max Kühner assure une place d’honneur avec Chardonnay 79 (Clarimo x Corrado I). C’est la première victoire en Grand Prix Coupe du Monde pour le couple Wathelet/ Coree qui prive Kevin Staut d’un nouveau succès en Coupe du Monde. A noter la belle performance d’ensemble des Allemands sur leurs terres puisque cinq d’entre eux terminent dans le top huit.

Résultats complets du Grand Prix 

Au classement général du circuit, Kevin Staut prend le large avec 78 points, devant Lorenzo de Luca, absent à Leipzig, qui totalise 60 points. Denis Lynch suit avec 45 points. De leur côté, Roger-Yves Bost et Simon Delestre se rapprochent de la qualification pour la finale d’Omaha avec 34 points. La prochaine étape se déroulera la semaine prochaine à Zürich.

Classement provisoire du circuit d’Europe de l’Ouest après dix étapes 

Photo : Gregory Wathelet et Coree, vainqueurs du Grand Prix Coupe du Monde de Leipzig – Claire Simler