Point d’orgue du week-end baulois, le Grand Prix a réuni les cinquante meilleurs cavaliers à l’issue des épreuves qualificatives des trois premiers jours de compétition. Frédéric Cottier a tracé un parcours délicat pour les cavaliers mais pas trop éprouvant pour les chevaux : « J’espérais une dizaine de parcours sans-faute pour avoir un beau barrage. Je pensais que les sans-faute arriveraient plus vite dans l’épreuve. Les cavaliers ont résolu le 6 et bien analysé l’ensemble du parcours à partir du vingtième partant. », déclarait-il. Le vertical de barres unies numéro six s’est en effet avéré être le plus fautif, mais la ligne triple-oxer étroit a également anéanti l’espoir de quelques fines cravaches, à l’image de Simon Delestre et Roger-Yves Bost. Au final, seuls dix couples décrochent leur qualification pour le barrage. Pas assez rapides, Joe Clee/Utamaro d’Ecaussines (Diamant de Semilly x Quidam de Revel) et René Lopez/Con Dios III (Colman x Romino) en sont privés malgré de bons parcours.
Premier à s’élancer, Manuel Fernandez Saro, déjà troisième du Grand Prix CSI5* de Madrid il y a quelques semaines, confirme sa forme du moment en signant le premier double sans-faute, cette fois en compagnie d’Eliot Dws (Winningmood x Prince de Revel), l’ancienne monture du cavalier argentin Jose Larocca. Il est suivi par Alexandre Fontanelle, fautif sur l’oxer numéro 11 avec Prime Time des Vagues (Diner’s Time x Helios d’Aumont), qui est le meilleur Français de ce Grand Prix. Malheureux dans la Coupe des Nations avec Sweet de Beaufour, Marlon Modolo Zanotelli monte cette fois un autre fils de Diamant de Semilly, l’étalon Rock’N Roll Semilly (mère par Apache d’Adriers), qui fut champion de France des quatre et six ans. Le cavalier brésilien part dans un bon rythme et bat le leader provisoire de près de trois secondes ! Il est immédiatement suivi par Michael Whitaker, déjà impressionnant de maîtrise dans la Coupe des Nations et encore brillant dans le Grand Prix avec un Amai (Nonstop x Bacara) de retour au meilleur de sa forme. Le britannique attaque mais il achève son barrage vingt centièmes derrière le Brésilien.
Arrive alors Bertram Allen, intouchable depuis le début du week-end. Le jeune cavalier irlandais réalise un début de barrage incroyable avec Romanov (Heartbreaker x Fedor) et semble imbattable jusqu’à la dernière ligne dans laquelle il est obligé de recaler son cheval. Il achève son barrage en 44’91 et laisse une faible marge de manœuvre à ses adversaires. Auteur de deux fautes, Spencer Roe s’y casse les dents avec Wonder Why (Padinus x Laurin), tout comme Patrice Delaveau qui fait quatre points en compagnie d’Orient Express (Quick Star x Le Tot de Semilly), Kevin Staut qui laisse deux barres à terre sur Ayade de Septon (Wandor van de Mispelaere x Albion du Chene Brule) et Aymeric de Ponnat qui, après avoir commis une faute en début de barrage, chute dans un virage après la glissade d’Armitages Boy (Armitage x Feo) devant l’oxer huit.
Le dernier à s’élancer n’est pas le concurrent le moins dangereux pour Allen puisqu’il s’agit du dernier vainqueur de la finale de la Coupe du Monde, Steve Guerdat, en selle sur son cheval champion olympique Nino des Buissonnets (Kannan x Narcos II). Le Suisse est moins rapide qu’Allen en première partie de barrage, mais il gagne beaucoup de temps dans la dernière ligne et passe la ligne d’arrivée en 44’04. Il signe une nouvelle victoire en cinq étoiles et laisse éclater sa joie pour le plus grand bonheur d’un public acquis à sa cause. « Toutes les victoires en Grands Prix sont magnifiques. J’adore La Baule qui est un concours avec une âme et une histoire et qui a su garder ses traditions. J’y viens toujours avec mes meilleurs chevaux et je suis très soutenu pas le public même si je n’ai jamais été très bon ici. Vendredi dans la Coupe des Nations, malgré le résultat il n’y avait rien de catastrophique. Nous avons fait une erreur en première manche à l’entrée du triple et en deuxième manche je n’ai pas assez monté ma rivière et comme après cette faute je ne pouvais plus aider l’équipe j’ai préféré arrêter. Je n’ai rien changé depuis si ce n’est que j’ai emmené Nino à la plage. Aujourd’hui j’ai eu la chance de passer en dernier et tout s’est bien enchaîné pour battre Bertram. Nino est un cheval phénoménal, dans une forme étincelante et si je ne fais pas trop d’erreurs tout se passe bien. », déclarait le vainqueur.
Bertram Allen manque de peu sa quatrième victoire du week-end mais il peut se satisfaire d’une nouvelle belle performance de Romanov et du titre de meilleur cavalier du concours : « J’ai fait un super week-end, tous mes chevaux ont bien sauté. C’est difficile de battre Steve. J’étais deux places derrière lui à Las Vegas et aujourd’hui une place derrière, je me rapproche ! », plaisantait le talentueux Irlandais.
Après un début de week-end difficile, Marlon Madolo Zanotelli prend une très belle 3ème place : « Je n’ai pas eu un très bon week-end ici que ce soit dans la Coupe des Nations ou le derby où j’ai fait une mauvaise chute. Aujourd’hui j’avais confiance en Rock’N Roll qui est un super cheval. Il manque un peu d’expérience pour que j’aille aussi vite que Steve et Bertram, mais je suis très content d’avoir été plus rapide que Michael et les autres », expliquait-il.
Depuis quelques semaines, Steve Guerdat est sur son petit nuage et il risque bien d’être un concurrent redoutable pour Scott Brash dans la bataille pour la place de numéro un mondial. Le cavalier suisse se rendra la semaine prochaine au CSIO de Rome pour tenter de poursuivre sur sa belle lancée.
Classement complet de l’épreuve
Photo : Steve Guerdat et Nino des Buissonnets, vainqueurs du Grand Prix CSIO de la Baule - Webstallions