Pas assez sélectif ? C’est la question que l’on peut se poser en regardant les résultats de la 2ème épreuve de la finale Coupe du Monde. En effet, pas moins de 21 cavaliers sur les 38 engagés ont décroché leur qualification pour le barrage, dont douze des quinze meilleurs cavaliers à l’issue de l’épreuve de chasse. Après s’être effondrés lors de la première épreuve, les Américains se sont bien repris, plaçant six couples au barrage sur les onze au départ.

Onze couples réalisent un double sans faute. Le plus rapide d’entre eux est le cavalier américain Kent Farrington, qui, après avoir serré ses courbes tout au long du barrage, n’a pas du tout repris Voyeur (Tolano Van’t Riethof x Goodwill) pour aller sauter le dernier oxer : « Je monte Voyeur depuis ses neuf ans. C’est un cheval naturellement très rapide et je l’ai laissé aller à sa vitesse. Plus je le laisse faire, mieux il saute. C’est un cheval qui peut être un peu fort à monter mais je l’estime beaucoup. ». Auteur d’une épreuve de chasse décevante, l’Américain se rattrape et reste dans la course à la victoire finale. Il devance Steve Guerdat, toujours aussi motivé avec son cheval olympique Nino des Buissonnets (Kannan x Narcos II) : « Cette finale me tient à cœur, je suis souvent passé à côté de la victoire pour pas grand-chose. J’essaye de tout faire pour ne pas commettre de faute bête et pour l’instant la chance semble être de mon côté, j’espère que cela va continuer. », déclarait le Suisse. Le podium est complété par la tenante du titre Beezie Madden et Simon (Mr Blue x Polydox).

5ème de l’épreuve avec Lacrimoso (Landjunge x Cascavelle), Patrice Delaveau poursuit sa marche en avant : « Pour le moment le cheval ne touche pas une barre. Avant de partir au barrage, on ne savait pas trop quelle stratégie prendre entre aller très vite et risquer une faute ou bien être trop prudent. Je pense que j’ai réussi à faire un barrage intermédiaire et à sauver les meubles. », déclarait-il. Si Patrice Delaveau, 5ème de l’épreuve avec Lacrimoso et leader exæquo à l’issue des deux premières étapes, est le rayon de soleil tricolore, le reste du clan Français est moins à la fête : Simon Delestre commet une faute lors du parcours initial avec Valentino Velvet (Indoctro x Burggraaf) (20ème au provisoire) alors que Kevin Staut, sans faute lors du premier tour, qui n’avait d’autre choix que de tout tenter pour espérer rester dans la course, essuie un refus et deux fautes en compagnie de Silvana (Corland x Widor) au barrage, ce qui le place seulement 17ème au général, à 16 points des leaders du classement provisoire.

Le barrage fleuve a beaucoup fait parler lors d’une conférence de presse pour le moins animée, le chronomètre calculé trop large étant au centre des débats. Frank Rothenberger, chef de piste déçu par le grand nombre de barragistes s’est montré irrité à ce sujet : « J’espérais avoir entre 10 et 12 parcours sans faute et nous en avons eu 21. Le temps n’a pas été un facteur car il était trop large. J’avais un parcours suffisamment gros (verticaux à 1,60m et oxer jusqu’à 1,90m de large), je ne voulais pas mettre davantage les chevaux à l’effort en sachant qu’il restait deux parcours lundi. Normalement le temps accordé est calculé par rapport aux lignes idéales mesurées par le chef de piste et il peut ensuite être modifié après le passage des trois premiers cavaliers. Avant que ces trois cavaliers ne passent, le jury m’a refusé de modifier le chronomètre. Après que ces cavaliers soient passés, j’aurais souhaité raccourcir le temps de trois secondes, ce qui m’aurait permis d’avoir le nombre de barragistes que nous souhaitions, alors que si l’on ne changeait rien j’étais sûr qu’il y en aurait trop. »

John Roche, directeur du saut d’obstacles de la FEI, en profond désaccord avec le chef de piste est alors intervenu : « Nous devons suivre les règles. Nous considérons qu’il y a une vitesse de base (400 m/min dans cette épreuve) et qu’il faut la respecter. Si la ligne idéale est mesurée par le chef de piste, il n’y a normalement pas de problème. Nous considérons qu’il y a eu des abus dans le passé de la part des chefs de piste et nous ne voulons plus les accepter. »

Dernier rebondissement avec la prise de parole de Steve Guerdat : « Faut-il choisir cette finale pour se décider à appliquer les règles de la FEI ? Je pense que pour les cavaliers et les chevaux, il vaut mieux avoir un temps accordé quatre à cinq secondes plus court que des obstacles plus hauts et plus larges. A mon sens c’est au chef de piste et pas à la FEI de décider de modifier ou non le temps accordé. »

Au classement général provisoire, Steve Guerdat et Patrice Delaveau sont co-leaders. Contrairement à l’année dernière où il était mal parti dans l’épreuve de chasse (17ème), le cavalier suisse sera maître de son destin lundi après-midi pour enfin l’emporter en finale de Coupe du Monde avec Nino des Buissonnets. De son côté, le Français, qui n’était pas finaliste l’an dernier, pourrait bien être le deuxième tricolore à s’imposer dans cette compétition, dix ans après Bruno Broucqsault.

Daniel Deusser est 3ème à deux points des leaders alors que Ludger Beerbaum, Beezie Madden et Pius Schwizer sont 4èmes ex-aequo à quatre points. La finale qui se disputera en deux manches lundi après-midi promet d’être passionnante puisque les dix premiers se tiennent en six points.

Classement complet de l’épreuve

Classement général provisoire 

Photo : Kent Farrington et Voyeur – Claire Simler